PERSPECTIVES ÉPISTÉMOLOGIQUES ET MÉTHODOLOGIE [1]

Notre recherche s'est déroulée au Centre jeunesse de Laval (CJL)[2]. Les jeunes du CJL viennent souvent de familles défavorisées, avec des parents peu scolarisés, et qui sont donc eux-mêmes en difficulté sur le plan de l'insertion sociale. Vingt et un intervenants et vingt jeunes ont participé à la recherche. Le groupe des intervenants se subdivise en 12 hommes et 9 femmes et l'âge moyen est de 41 ans, avec une limite supérieure de 52 ans et une limite inférieure de 27 ans. Avec en moyenne 19 années d'expérience d'intervention dans différents services du centre jeunesse, on peut considérer qu'il s'agit d'intervenants très expérimentés et bien au fait des pratiques auprès des enfants et des adolescents. Les jeunes — 11 garçons et 9 filles - avaient tous entre 16 et 18 ans, avec une moyenne d'âge se situant à un peu moins de 17 ans. Ce sont les jeunes de cet âge qui sont touchés en premier lieu par la fin des services, selon le mandat des centres jeunesse. Notre recherche visait à entendre les deux principaux groupes qui circulent dans le centre jeunesse: les jeunes, bien sûr, mais aussi leurs intervenants.

Notre collecte de données s'est limitée à l'utilisation de deux instruments: l'entretien semi-directif (d'une durée de 60 à 90 minutes) ainsi que le questionnaire sociodémographique. Ce questionnaire est conçu pour obtenir des données de base portant sur l'âge, le sexe, le secteur de placement ou d'emploi, la scolarité ou la spécialisation afin d'établir un tableau descriptif de la population échantillonnée. L'intérêt des entrevues semi-dirigées est de permettre l'émergence de catégories d'observation imprévues au départ de la recherche, souplesse qui s'avère particulièrement féconde lorsqu'on s'attaque à un champ encore peu balisé (Sabourin, 2003; Savoie-Zjac, 2005). L'effet de halo et le biais d'acquiescement ou de positivité peuvent être contournés dans l'entrevue semi-directive par l'utilisation de questions ouvertes et par l'utilisation de questions qui confrontent le répondant à la logique et à la cohérence de son récit. Le schéma d'entrevue est utilisé pour supprimer la dispersion du récit, pour progresser graduellement vers des thèmes plus difficiles, et pour favoriser un certain degré d'homogénéité d'un récit à l'autre afin d'en permettre la comparaison. Le schéma d'entrevue correspond au cadre thématique de la recherche et fournit une partie du premier cadre catégoriel de l'analyse. L'analyse comparative permet ensuite de dépasser le stade exploratoire: les catégories peuvent être généralisées dans la mesure où les nouveaux cas n'infirment pas celles-ci, selon le principe de la saturation des données (Poirier et al., 1999).

Chaque entretien était enregistré, puis intégralement retranscrit sous forme d'un verbatim,. La première partie de l'analyse a été consacrée au codage des transcriptions d'entrevues, puis au découpage thématique du contenu. La caractéristique évolutive de l'analyse comparative a ensuite permis de préciser, d'affiner ou d'inclure de nouvelles catégories au fur et à mesure que progressaient les entrevues. Nous avons procédé séparément pour les deux groupes de l'échantillon, en thématisant le groupe des intervenants, pour ensuite le juxtaposer et le comparer à la grille thématique des jeunes. Cette juxtaposition dynamique nous a permis de faire ressortir les éléments de convergence et de divergence dans les discours des deux groupes.

  • [1] Nous avons développé cette section au chapitre 11. Nous complétons ici les informations sur les perspectives épistémologiques et méthodologiques.
  • [2] Nous remercions vivement la direction du Centre jeunesse de Laval (CJL) pour son accueil tout au long de ce projet. De même, nous remercions chaleureusement chaque sujet - jeune ou intervenant - qui a bien voulu se rendre disponible pour permettre la réalisation de cette recherche.
 
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